Lille : Marche blanche pour Mohamadou Oury Sow, 29 ans.

Ce samedi, à Lille, une marche blanche en hommage à Mohamadou Oury Sow, 29 ans, réunissait plus d’une centaine de personnes. Le jeune homme d’origine guinéenne est mort à la suite d’une intervention policière. Des zones d’ombres persistent sur les circonstances du drame.

« Nous réclamons justice et vérité : pourquoi Mohamadou n’est pas avec nous aujourd’hui ?« 

C’est derrière une grande banderole « Justice pour Mohamadou » que sa famille a pris la parole ce samedi après-midi, sur la place de la République à Lille. De nombreuses personnes présentes sur la place étaient habillées d’un t-shirt à l’effigie du jeune homme d’origine guinéenne de 29 ans, mort le 1er décembre 2025 à la suite d’une intervention policière au domicile de ses parents. Officiellement, il a sauté par la fenêtre pour échapper à la police. Mais dans les faits, les circonstances de son décès sont troubles.

LILLE. Marche blanche pour Mohamadou. / PHOTOS : Louise Bihan

Enquête pour « enlèvement et violences aggravées »

Le 1er décembre dernier, à 6 heures du matin, le Service local de police judiciaire (SLPJ) de Tourcoing intervenait au domicile des parents de Mohamadou à la recherche du jeune homme, suspect au sein d’une enquête pour « enlèvement et violences aggravées« . Il aurait sauté par la fenêtre pour fuir la police. Les secours, prévenus immédiatement, n’ont pas pu le ranimer. Son décès a été constaté à 6h40.

Dans une vidéo publiée sur Instagram, la sœur de Mohamadou raconte comment les policiers ont « défoncé » la porte de chez ses parents « sans sonner, sans s’annoncer » : « Ils ont demandé après Mohamadou. Mon père leur a expliqué qu’il était en train de dormir et leur a indiqué la chambre où il était. Il leur a même proposé de le réveiller et de leur remettre Mohamadou s’ils devaient s’entretenir avec lui. Mais les policiers n’ont pas considéré cette éventualité. Ils sont entrés à 3 dans la chambre, brutalement, et ont refermé la porte derrière eux. Pendant ce temps, un autre policier retenait mon père dans le couloir. Mon père a crié à mon frère de se laisser faire pour ne pas qu’on le brutalise. »

Une mort suspecte

« A aucun moment, mes parents n’ont entendus de voix venant de la chambre, juste des bruits bizarres. Ils sont sortis quelques temps après, et ont annoncé à mes parents que leur fils était mort. »

Que s’est-il vraiment passé ce matin-là ? C’est une question parmi tant d’autres qui était à l’esprit de la centaine de personnes venue ce samedi après-midi rendre un dernier hommage à Mohamadou, en silence, dans la dignité et le recueillement.

LILLE. Marche blanche pour Mohamadou. / PHOTOS : Louise Bihan

Une famille en deuil qui cherche des réponses

Lors d’une des rares prises de paroles en début de marche, la famille a tenu à rappeler sa volonté de rester debout malgré l’épreuve : « Tel un baobab avec ses branches solides, aujourd’hui ébranlé, anéanti : de la force de nos racines, nous tenons debout. »

La marche blanche a ensuite pris le chemin du palais de justice dans le calme et, sur les 500 derniers mètres du parcours, dans un silence absolu. Devant le palais de justice, des dizaines de pancartes « Justice pour Mohamadou » ont été brandies face aux portes fermées du tribunal.

LILLE. Marche blanche pour Mohamadou. / PHOTOS : Louise Bihan

Pour la famille, c’est un long combat qui s’annonce comme pour tant d’autres familles qui vivent dans le deuil d’un proche décédé à la suite d’une intervention policière. Le collectif « Désarmons-les » a recensé 46 personnes mortes « aux mains des forces de l’ordre » (suite à des tirs de police, accident routier, en cellule de garde à vue, lors d’une interpellation…) en 2025 dans toute la France.

Une enquête a été ouverte, confiéé au SLPJ de Tourcoing (celui-là même qui est intervenu au domicile de la famille Sow le 1er décembre 2025) pour déterminer les circonstances exactes du drame.

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